[J'ai un peu repris ton concept Gehan, que je trouvais plus amusant que la simple narration]

Les gamins aimaient bien le vieux Gene. Faut dire qu'avec sa barbe blanche tréssée, son air toujours joyeux, son chat toujours perché sur le dos de sa chèvre, il avait tout du vieil ami des enfants. Et puis ils le trouvaient amusant avec ses histoires à la fois incroyable et hilarantes, et aussi son style vestimentaire. Jamais encore ils n'avait vu un nain porter une jupe! Il avait beau leur répéter inlassablement qu'on appellait ça un "kilt" et que c'était une tenue banale dans son village natal, ils ne se lassaient jamais de le chambrer et lui le prenait de bonne grâce. Parfois ils se rassemblaient autour de lui, comme ils le faisaient avec beaucoup d'autres recruteurs d'ailleur, et ils lui demandaient de leur raconter des épisodes de sa longue vie d'errance.

Ce soir-là il pleuvait. La veille il y avait eu des combats et les gladiateurs du vieux nain s'étaient relativement bien débrouillé et ils avaient surtout fait beaucoup d'efforts, si bien qu'ils furent dispensés d'entraînement. Certains se rendirent à la carotte frétillante et d'autres, l'elfe Elena la première, allère rippailler et picoler à la Chope Gravée. Le vieux Gene les aurait bien rejoint mais il avait promis aux enfants ennuyé par le mauvais temps de leur raconter une autre histoire. Ils s'installèrent à leur guise dans une grange, certains appuyés sur le flanc de Rosie, d'autres perché un peu partout sur les bottes éparpillées et empilée et quelques uns simplement assis à même le sol couvert de paille. Deux petits enfin s'assirent sur les genoux du recruteur qui lui trônait sur un tonnelet de bière qu'il avait tout de même pris soin d'apporter.

"Alors hum, voyons voir... Quel genre d'histoire souhaitez-vous entendre aujourd'hui jeunes aventuriers?"

"Une avec des méchants!" S'exclama un des plus jeunes perché sur son genou droit. Les autres approuvèrent tous plus ou moins ce choix.

"C'est assez vague vous ne croyez pas? Hum et bien je peux vous raconter une de mes innombrables aventures qui mit en scène de redoutables elfes noirs!"

Le nom seul suffisait à faire taire les moins attentifs, le vieux nain pu commencer son histoire avec pour seul fond sonore le crépitement de la pluie sur le toit et le doux ronronnement de Chat roulé en boule sur les genoux d'un enfant assis en face du conteur.

"C'était il y a peu, mettons neuf ou dix ans, si bien que j'avais déjà cent-sept ans. Vous conviendrez que je n'étais pas tout jeune! J'étais alors comme depuis de longues années un mercenaire et souvent innemployé. Je passais en vérité la majeure partie de mon temps à vagabonder. A cette époque ni Rosie ni Chat ne m'accompagnaient. A force d'errer j'étais presque tout le temps fauché. Un soir de pluie, comme celui-ci, je me rendis à une taverne, un relai routier pourrait-on dire puisqu'il était perdu en pleine cambrousse, aussi loin qu'on peut l'être de toute trace d'urbanisation. Comment ça vous ne savez-pas ce que ca veut dire? On ne vous apprend donc rien à l'école? Comment ça y'a pas d'école? Bon, disons que l'endroit était paumé, loin de toute trace de ville, village ou même hameau. Malgré tout c'était une route assez fréquentée par pas mal de marchands, un certain nombre de vagabonds comme moi et de temps à autre quelques elfes y pointaient leur bout du nez. Vous devez savoir qu'excepté ici et quelques autres lieux clés, il est rare que nos amis des bois se fassent voir aux yeux de modestes mortels tels que nous. Quoique les nains aient une durée de vie qui n'est pas non plus négligeable... Enfin bref, me rendant à l'auberge pour y dillapider mes dernières pistoles pour un repas, quelques bière et peut-être un lit bien chaud en négociant bien, je fis connaissance avec un elfe, un individu charmant répondant au doux patronyme de Rithongwelothinthiel. Le nom qu'il tenait de ses parents était encore plus compliqué et c'est déjà un miracle que je puisse me souvenir de son simple prénom. On bavarde un peu autour d'une choppe, je le trouve bien sympathique, déjà parcequ'il boit de la bière. Ensuite il accepte de bonne grâce que je le surnomme "Riton", ce qui est en vérité trés laid. Enfin il me raconte sans jouer les prétencieux une partie de son histoire.

C'était un jeune scribe qui aspirait à devenir l'aprentit de son employeur, un sorcier de haut rang. Il m'a alors expliqué qu'il se trouvait actuellement confronté à un problême de taille: il devait porter un objet trés rare et précieux à un mage elfe de la part de son maître mais l'avait perdu en chemin! En vérité une bande d'elfe noirs l'avait agréssé et ce ne fut que par une chance considérable et aussi grâce à la vélocité de son destrier elfique qu'il put s'échapper. Seulement dans la précipitation, un de ses sacs de selle se rompit et son contenu s'éparpilla sur la route, à la merci des pillards. Evidemment il se trouvait parmis les divers objets hétéroclites le précieux paquet destiné au mage qui attendait toujours! Il m'a alors expliqué qu'il était incapable d'affronter qui que se soit, n'ayant en vérité aucune compétences martiales. Il a également avoué être un peu lâche. Cela faisait maintenant prés de quatres jours qu'il attendait à l'auberge de trouver quelqu'un pour aller récupérer son objet chez les elfes noirs. Hélas il n'y avait que des marchands ces temps-ci et ils n'avaient pas eu à souffrir d'agressions, étant accompagnés par un certains nombres de mercenaires tels que moi. L'elfe m'expliqua qu'il disposait d'une importante quantité d'or et qu'il pourrait me rémunérer grassement s'il me plaisait de tenter l'incursion chez les voleurs. Deux choix se présentaient alors à moi: chercher du boulot du coté des marchands pour les escorter, ce qui m'aurait vallu un travail probablement reposant pour plusieurs jours avec une paie convenable ou bien aller chercher le machin de l'elfe, ce qui signifie de grands risques mais un salaire important. Cruel dilemne s'il en est!"

"Et alors? Vous avez choisi l'elfe?"

"Et bien pour l'instant je vais surtout choisir de boire un coup, j'ai le gosier aussi désséché que le coeur d'un adorateur de Khaine, maudit soit-il. Hey toi, tu vois la choppe à ta droite? Oui voilà, envoie-la moi veux-tu? Merci!"

Pite et Wart, les 2 garnements de la famille Nolf avaient attrappé Gehan le Tondu par la manche pour qu'il les accompagne écouter les histoires du père Airal. Gehan avait accepté avec plaisir tant il aimait écouter les récits des autres aventuriers, il s'habilla d'une tunique sombre et d'une capuche pour ne pas que Gene le reconnaisse et tous les 3 partirent écouter les histoires passionnantes du vieux nains.

Pite et wart étaient passionnés par le récit, ils n'avaient jamais vu d'elfes noirs bien sûr mais ils connaissaient leurs réputations, aussi lorsque Gene semblait hésiter entre les marchands et l'elfe, Wart se leva en s'écriant "L'ELFE!!"...

Gehan sourit de l'enthousiasme des enfants et du caractère débonnaire de son camarade Gene.

Laissant les hommes s'entrainer, Othon s'en fut sans traîner.

Il avait toutefois chargé Klaus LEONINE - qui était dans un état de fraîcheur remarquable malgré son combat - de s'occuper de vérifier, astiquer, réparer et aiguiser tout l'équipement.

Il avait prétexté réfléchir sur de nouvelles stratégies, mais, dès la porte fermée, il s'en fut écouter les histoires du père Airal en espérant secrétement que son bouc naissant fut du goût de Rosie.

Le vieux nain ne dissimula pas sa surprise à l'irruption des deux personnages. L'un d'eux semblait étrangement vouloir dissimuler son visage sous son capuchon, l'autre, plus étrange encore, était un recruteur du cercle, célèbre pour sa virulente campagne anti-nain. Pourtant Othon, tel était son nom, s'était montré à plusieurs reprises amical avec Gene, tout nain qu'il fut, et plus encore avec Rosie...

Se reprenant, il proposa aux deux improbables spectateurs une choppe de bière tirée de son tonnelet, qu'il leur servit en fait sans même attendre leur réponse.

Puis, finissant la sienne, il s'apprêtât à reprendre où il l'avait laissée son histoire d'elfes noirs.

"Alors voyons, hum... Que disais-je? Oui bien sûr. Et bien, après mûre réflexion, je décidais qu'il eut été trop dangereux de se mesurer seul à une bande d'elfes noirs, je choisis donc d'accompagner une caravane marchande qui transportait tout un stock de pots de chambres en terre cuite. Le voyage fut long et ennuyeux, il ne s'y passa absolument rien d'inattendu, et je fus payé le prix convenu par les marchands qui étaient honnêtes."

Les enfants rassemblés laissèrent aussitôt échapper tout un tonnerre de protestations, que Gene Airal s'empressa d'interrompre.

"Calmez-vous mes jeunes amis, je plaisante bien entendu! Si je vous promets des elfes noirs c'est qu'elfes noirs il y aura!

Je décidais donc après mûre réflexion d'accompagner une troupe de marchands..."

Quelques protestations reprirent, que le nain fit taire en levant les deux mains.

"Attendez voyons! Laissez-moi finir!

Lorsque j'expliquais mon choix à mon nouvel ami elfe, celui-ci prit un air désespéré et me promis alors l'une des plus fortes sommes qu'il me sera jamais offert de gagner!"

"Combien??" S'exclama une jeune voix quelque part dans la salle.

"Et bien, je ne sais plus trop, c'était il y a dix ans après tout... Bon d'accord, l'elfe m'offrit prés de 2000 couronnes d'or, dont 200 payables tout de suite."

Un silence abasourdi suivit cette déclaration. Une telle somme était le résultat d'années d'économies pour un riche marchand, et pouvait servir à acheter une bonne demi-douzaine de petites maisons.

"Pas mal hein? Pour une telle somme on ne peut refuser quoi que ce soit, bien sûr, je choisis donc d'accepter la quête de l'elfe et de tenter par tous les moyens de récupérer l'objet convoité. Vous imaginez un peu? 2000 Couronnes ça signifie au moins cinquante ans à l'abri du besoin! Le rêve! Après que l'elfe m'eut expliqué à quel endroit il avait été attaqué, il y a quatre jours de cela et que je profitais enfin grâce à l'argent d'un bon repas et d'une bonne nuit de sommeil, je me mis en route dés l'aube.

Une petite dizaine d'heures plus tard j'arrivais à peu prés à l'endroit indiqué par Riton. Non bien sûr, je n'étais pas fatigué, le temps était idéal si vous voyez ce que je veux dire, ni trop chaud ni trop froid, je disposais d'un important stock de provision acheté à l'auberge et à force de passer sa vie sur les routes on s'endurcit! J'arrivais donc à l'endroit, mais il n'y avait bien entendu pas la moindre trace, après quatre jours dont deux de pluie. Pendant mon trajet je n'avais cessé de ruminer, inquiet au plus haut point, me demandant de quelle façon je pourrais subtiliser seul à une bande d'elfes noirs un objets précieux donc sûrement mis en lieu sûr, en espérant qu'il n'aura pas déjà été expédié vers la ville la plus proche pour y être revendu. Et une fois sur place, le problème plus immédiat de trouver le camp s'imposa. Je scrutais sans trop me faire d'illusion le ciel à la recherche d'une colonne de fumée.

Et bien vous savez quoi? Il y en avait une belle, tout prés d'ici!

J'en pris bien entendu la direction, me montrant le plus discret possible et me demandant si j'allais réellement trouver un camp de brigands elfes noirs, si prés de la route. Et bien non. Dans une petite clairière il y avait, assoupi, un jeune homme mince et élancé, vêtu de cuir et de vert, à coté d'un feu de camps dont il ne restait que les braises et d'un arc long accompagné d'un carquois à moitié plein. La tête reposant sur son léger sac de voyage, il semblait profondément endormi, mais avait la main crispée sur un long couteau de chasse dont le fourreau était négligemment posé à proximité.

Une sorte de chasseur, prenant un repos bien mérité après une longue course dans les bois, peut-être. Mais au milieu de l'après-midi? Et comment se faisait-il qu'il n'y ait aucun reste de nourriture prés du foyer mourant, os de lapin ou d'un quelconque animal faisant habituellement le quotidien des chasseurs au minimum habile à l'arc ou à la pose de pièges? Peut être l'homme était-il blessé... Il n'avait toutefois pas l'air bien menaçant, je décidais donc de le réveiller, tout en conservant mon marteau de guerre à portée de main..."

Le vieux nain fit une longue pause, la tête baissée, comme pour se remémorer, jusqu'à ce que l'un des gamins s'exclame:

"Et alors?"

"Et Alors ?"

La patience d'Othon excédait de beaucoup celles de jeunes enfants, mais tout de même !

Voici plusieurs jours que Gene avait suspendu son histoire avec un art consommé (aux lentilles) du suspense, mais depuis on n'était pas parvenu a réunir à nouveau l'auditoire au complet.

Soit qu'un capitaine enterrait ou remplaçait un de ses hommes, Soit qu'un enfant fut malade ou puni.

Cette fois ci Othon était bien décidé à aller chercher tout retardataire par la peau des fesses.

Les histoires de Nain, celle où la lenteur n'est pas synonyme d'immobilisme mais de prudence avisée, de réflexion, de patience, de mesure, d'introspection, étaient prisées même par les elfes qui savaient s'enthousiasmer pour les riches coutumes et traditions naines lorsqu'elles mises en scène par le talent un artiste plutôt qu'affichées avec une ostentation provocatrice.

Evidemment lorsqu'un paltoquet fraichement émoulu des tunnels clamait à qui voulait l'entendre sa supériorité, son honneur, faisait un bruit de porc en auge tandis qu'il buvait sa bière - comme si sa soif n'était pas chose intîme, mais avait besoin d'être étalée à la communauté entière pour être justifiée -, il devenait pénible.

Mais c'était là le fait de jeunes nains encore si peu affirmés dans ce qu'ils sont qu'ils éprouvaient le besoin de le démontrer à tout moment.

Maître Gene Airal, lui, était plus expérimenté et se contentait de vivre qui il était sans éprouver le besoin de s'assurer que tout le monde le sache à 3 lieues à la ronde.

* Quand on a une chèvre, il est nul besoin de faire tout un fromage à tout propos*, songea Othon

Gene Airal, fainéant !

Ah ça pour affronter deux fois en trois prestations un ch'ti hobbit, il y a du monde !

Mais pour finir ses histoires c'est pas la même.

"Hein qui de quoi?" (Bon... on a qu'à dire que ça fait cinq minutes okayy? Désolé pour le retard pour ceux qui suivent)

"Où en étais-je? Oui bien sûr, l'homme assoupi... Et bien cet homme donc euh... Ah! Oui! Je le réveille. Je l'interpelle de ma grande voix de stentor! Il se réveille en sursaut et me lance son couteau au visage. Paf! Je me le prend en plein front!"

"Tu charries mec!"

"Et bien en fait il faut croire que l'homme n'était pas très habile au jet de couteau car en vérité c'est le manche que je reçut au visage qui demeura indemne. Et puis le jet n'était pas très violent, je n'eu même pas de bosse. Je m'en tirais à bon compte donc, le campeur lui n'aurait pas cette chance! Je courut vers lui et me retint d'abattre mon marteau sur son crâne, me contentant de lui écraser... les roustons d'un coup de pied avisé. Alors qu'il se tortillait pitoyablement de douleur, visiblement fort mécontent de son mauvais jet, je pris son arc, son couteau de chasse, lui mit ce dernier sous le menton. Il se raidit et surmonta la douleur qui lui consumait le bas-ventre. Boarf, un comédien, je n'avais pas cogné fort. "Hey jeunot, lui demandais-je. Bon, il n'avait pas l'air si jeune, mais moi j'allais déjà bien sur mes cent sept hivers tandis que lui ne devait pas s'éloigner de sa quarantaine.

"Hey jeunot, avant de lancer ton arme, assures-toi d'en être capable! Espérais-tu avoir le temps de m'abattre avec ce gros arc si ton coup manquait sa cible?"

Silence obstiné. Ah il se la joue gros dur hein? Et que je soutiens ton regard et tout? Qu'à cela ne tienne, je lui fais mes yeux méchants, du genre de ceux qui lancent la foudre, tout ça.

Ca n'a pas l'air de l'impressionner... Faut dire que ça n'impressionne pas grand monde. Bon soyons coulant, il m'a attaqué, mais je l'ai pris par surprise, ça n'a pas l'air d'être un mauvais bougre au fond. Un geste de bonne volonté, j'éloigne la lame et lui tend même une main amicale. Il y a de la surprise dans ses yeux, puis il y en a dans les miens lorsqu'il m'agrippe le bras et me fait joliment basculer, pour finalement me mettre le nez dans l'herbe. Je ne me laisse pas faire bien sûr, je me retourne sûrement un peu plus vite qu'il n'en aurait cru capable un vieux nain blanchi par les ans, et lui met une jolie droite sur le nez. Il bascule mais parvient à mettre la main sur son poignard dans sa chute et m'en pose le fil sur la gorge alors que je me ruais sur lui. Il fait ça sans m'entailler, du travail de pro, j'ai juste le temps de retenir ma respiration. Il se redresse en se tenant le nez de l'autre main.

Puis il éclate de rire. Et me tend la main à sa tour, après avoir rangé son arme dans son fourreau, récupéré dieu sait comment. Ah mais non! C'est ce que je me dis. C'est lui qui a commencé, c'est pas à lui de finir! Désireux d'éviter de prolonger indéfiniment les hostilité je me contente de lui écraser le pied en me relevant, avec un "Oh pardon" si débordant de sincérité qu'il ne peut dire qu'émettre un gémissement étouffé sans agressivité.

Une heure plus tard je lui avais expliqué mon affaire, lui la sienne et nous avions conclu un accord mutuellement satisfaisant.

Nous nous mires donc en route vers..."

"Hé! Non, vous avez sauté un bout là!", s'exclama une jeune garnement boutonneux qui devait se demander ce qu'il faisait au milieu d'une assemblée composée de gamins et de... recruteurs.

"Oui, bon, c'est sans intérêt. L'homme affirmait s'appeler Bob, dit "l'âne". Je me demande au passage pourquoi il tenait tant à un surnom si peu flatteur, une fibre humoristique qui m'échappe probablement. Il avait été poursuivi dans les bois par une bande d’elfes noirs après s'être approché un peu trop prés de leur camp. Evidemment ça m'intéresse grandement, je lui narre donc ma rencontre avec l'elfe dans ses moindres détails, par goût du récit et lui propose de partager cette quête et la récompense qui va avec. Forcément un humain qui parvient à échapper à une bande d'elfes noirs sans monture dans une forêt, ça court pas les sentiers, très loin de là même. En vérité cela tient du prodige et je me demandais s'il n'y avait pas anguille sous roche, toutefois s'il connaissait l'emplacement du camp j'étais prêt à faire miroiter n'importe quelle récompense, car pour 2000 couronnes d'or... Vous me comprenez bien sûr, aujourd'hui je suis encore plus riche, sans doute même l'un des plus riches de tout Camp-Nouveau, mais à l'époque je vous l'ai dit j'étais le plus fauché. Je vous passe les détails, il accepte et nous nous mettons en route, point.

Après plusieurs heures de marche silencieuse - Bah oui, quand on cherche des elfes noirs on fait tout pour que ce ne soit pas eux qui nous trouvent - Bob m'arrêta d'un signe de la main. Il faisait presque nuit à présent, et le pauvre ne devait plus y voir à trois mètre. Pour ma part j'y voyais encore tout à fait net, un des privilèges de ma race. Il me dit à mi-voix que le camp n'est plus très loin et que nous ferions bien de profiter de l'obscurité pour s'y infiltrer et tâcher de récupérer l'objet. Apparemment il ignorait ce que tout le monde devrait savoir, c'est à dire qu'aussi bien que les nains, les elfes ont une très bonne acuité visuelle nocturne et surtout n'ont besoin que de peu de sommeil. Autrement dit à moins d'élaborer un plan plus intelligents, nous allions droit au casse-pipe. Toutefois une idée me trottait à l'arrière du crâne, je décidais donc d'accepter de nous approcher un peu plus. Nous marchâmes donc de nuit, sans un bruit, jusqu'à apercevoir au milieu d'une clairière un camps de brigands installé en cercle autour d'un vaste foyer sur lequel cuisait plusieurs venaisons. Tous les malfrats étaient apparemment assemblés autour du feu, pour une occasion spéciale peut-être. Mais ce n'était pas des elfes noirs.